Le HCC entre deux saisons – 2eme partie: le point sur la structuration du club avec Luc Chauvel

Pour cette deuxième partie de ce fil rouge de l’inter-saisonreceived_10208270227973893, nous avons demandé à Luc sa vision sur la structuration du club : professionnalisation, encadrement. Les finances, grâce notamment au sponsoring privé, deviennent un enjeu majeur des clubs sportifs.

Fanatics : Quel est ton regard sur la professionnalisation en cours pour la ligue Magnus et pour le club?

Luc : Le problème qu’on a eu à Caen, c’est qu’on a essayé de coller au plus prêt du cahier des charges dès le départ. On s’est dit : “La fédération met des choses en place tout de suite donc on va prendre le wagon.” Mais on s’est rendus compte que nous on était prêts sur certains points au contraire de beaucoup de clubs. Et la Fédé a reporté ce projet de ligue de 2 ans. Sauf que nous ça nous a coûté dans l’organisation : on s’est mis une charge financière dans un moment où la conjoncture n’était pas très bonne. Quand ça a été voté, il n’y avait que 2,3 clubs, et parmi eux, Caen, le plus petit budget “vrai” de la magnus. On s’est retrouvé à être en avance sur le projet ce qui est incroyable à cette époque-là.

Maintenant, on va faire en fonction des moyens à disposition. La première partie à mettre en place c’était la formation. Aujourd’hui on colle au cahier des charges avec un résultat concret qui est la labellisation pôle espoir. C’est un travail de 10 ans, qui a été dernièrement perpétué par Virgile. Ce sont des vrais fondations pour le club, on a des entraineurs, tout le sport études, le CESARS avec le lycée. On va développer plus la partie le post-bac maintenant  parce que c’est important aussi pour le développement des 11989330_10207262770545791_1648519913_ojeunes. Le club a mis la formation dans ses piliers fondamentaux. Il y a des choix qui sont faits dans ce sens et je suis ravi qu’on puisse faire ça parce que j’en ai profité gamin. Mais ce n’est pas comme au foot : la formation aujourd’hui ça coûte de l’argent. Et les résultats peuvent mettre des années et des années. Il faut compter entre 5 et 6 ans pour voir les retombées d’une politique. En plus on est un sport particulier, on a que 350 licenciés en Basse-Normandie, il n’y a que Caen. Du coup tu ne sais pas pourquoi, la génération 2000, on a eu beaucoup d’enfants, mais l’année suivante il y en a moins sans raison particulière. On n’est plus dans la structure associative comme j’ai pu la connaître dans ma génération, où on faisait beaucoup avec les parents, à la bonne franquette. On devient de plus en plus prestataire de service, mais c’est la société qui change et il faut s’adapter. Les gens viennent chercher un vrai service au club : des éducateurs, de la sécurité. Ca fait partie de la nouvelle donne.

Ensuite, pour l’administratif, on a Nathalie au secrétariat. Il manque le manager, mais ce poste n’est pas viable financiièrement. Il y a aussi le chef matériel qu’on ne peut pas mettre en place. Ce sont des choix. Si on met en place des postes comme ça, c’est des joueurs en moins ou alors c’est des entraineurs en moins pour le mineur. Et pour la Magnus, il faut tous ces postes en temps plein, parce que si tu es en mi-temps, et que tu commences à jouer Mardi, Vendredi et Dimanche, ça commence à devenir compliqué.

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Comme à la maison

Pour parler des finances, je ne suis pas le mieux placé, je suis salarié du club. Mais ce que je décris, c’est l’axe choisi aujourd’hui. On a essayé de coller au cahier des charges, mais on s’est aperçus que c’était trop pour nous par rapport à l’économie locale et à la concurrence. Il y a d’autres sports qui sont plus populaires et qui attirent plus facilement. Même si le hockey est bien ancré dans le territoire. Et développer ça, ça va passer par les résultats. On va également prendre le temps de voir comment ça se passe au-dessus. Il est possible qu’il y ait des dégâts. Au HCC, tous ces changements ont été amorcés depuis la descente sportive, parce qu’en Magnus ça n’aurait pas été possible. On avait vraiment la tête dans le guidon pour rester à ce niveau-là.

Aujourd’hui la professionnalisation, c’est la grande évolution dans le hockey mais aussi dans le sport en général. On a plus le droit à l’erreur comme avant. Et en Basse-Normandie, à Caen surtout, on a pas anticipé ça. Il n’y a aucune infrastructure pour pouvoir faire du business. Donc pour progresser, faire venir plus de partenaires, de bons joueurs, il faut être atttractif. Comment faire évoluer le club pour qu’il soit encore plus attractif? On est déjà reconnus sur le territoire! On est un tremplin pour le haut niveau : on a une structure professionnelle : staff médical, préparateur physique, des heures de glace importantes… On peut terminer la formation pour certains joueurs et faire en sorte que certains étrangers puissent accéder au haut niveau après.

DSC_0244.1En plus, ce qui est assez positif, c’est qu’il n’y a personne qui s’enfuit aujourd’hui en disant : “Caen, je n’ai plus envie d’en entendre parler!”. Je suis en contact avec tous les joueurs. Certains ont du mal à prendre leur décision, certains demandent plus de temps. Mais dans l’ensemble, l’expérience à Caen est plutôt positive. C’est bon pour le club car on est capable d’être attractif bien qu’on ait pas beaucoup d’argent. Et on tient nos engagements.

Ca prend énormément de temps à construire, mas c’est payant. Il y a des joueurs qui sont capables de faire des sacrifices monétaires pour venir chez nous. Ca ne fait pas tout mais ça aide. Je reste en contact avec Ryan Barlock, Dorian Peca, Jean-Christophe Gautier, Thiery Poudrier. Même Valentin Claireaux, on lui a donné une bonne image, et c’est devenu un bon ambassadeur pour nous. Tout ça me fait dire que ce n’est pas simple mais qu’on est dans la bonne voie pour rester dans notre objectif.

C’est vrai qu’on aimerait bien avoir un peu plus de confort budgétaire. Quand il y a des occasions, ça me permettrait une fois de temps en temps de dire : “je veux ce joueur-là donc boom!” Donc je suis obligé par des filières différentes. J’ai beaucoup échangé avec Luciano Basile qui sait très bien cibler ses profils. Par exemple pour Karl, je savais que si j’avais un autre club dessus, je ne l’avais pas.

L’idée c’est d’avoir des équipes de plus en plus jeunes mais tournées vers l‘ambition, des jeunes qui prennent cette expérience à Caen comme un tremplin. Ils savent qu’ici ils vont pouvoir se former au niveau de l’entrainement, de l’attitude, parce que le nombre de match ne permet pas de prendre énormément d’expérience. C’est plus une formation technique, tactique et physique. Et puis il y a une autre chose aussi, c’est qu’en ayant moins de match il faut être performant de suite.

Fanatics : Au final tu es tout seul pour le volet sportif

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Luc :
Oui c’est sur. C’est la situation du club qui fait ça aussi. A un moment donné, je suis comme ça aussi. On peut toujours déléguer mais ce n’est jamais évident avec des bénévoles. Je suis toujours parti du principe sur Caen qu’à partir du moment où on est des salariés, ce n’est pas aux bénévoles de faire le travail. Ils sont là pour aider, agrémenter, mais aujourd’hui le fonctionnement c’est tous les matins, des patins à affûter c’est tous les jours. Un déplacement à préparer, s’il y a une faute, j’ai personne d’autre que moi à blamer. Pour la suite et ça fait partie aussi de l’expérience dans mon métier de coach, c’est aussi ça qu’il faut que je réussisse à mieux organiser autour de moi. Et aussi peut être à déléguer certaines parties pour être vraiment focalisé sur la partie technique et coaching, management de l’équipe.  Je me suis rendu compte qu’il faut une meilleure organisation de temps en temps pour être au plus prêt des joueurs. Faut savoir se démultiplier mais c’est une super expérience. Il y a beaucoup de clubs qui sont dans ce fonctionnement là.

Tu dois être multi casquette à partir du moment où on a pas de budget pour avoir un poste bien défini. C’est le propre de l’associatif. Si tu veux que les choses avancent, tu es obligé de mettre le pied à l’étrier. C’est à double tranchant ce coté-là. Parce que des fois en cours de saison tu perds du temps sur des choses qui sont pas essentielles à ce moment-là. Mais ça permet aussi que ça fonctionne comme toi tu l’entends et de mettre les joueurs dans les meilleures conditions à chaque fois.

Fanatics : Pour finir, on a pu lire sur Ouest France que le club envisage de recruter des vétérans et de les aider dans leur reconversion; Peux-tu nous en dire plus?

FB_IMG_1455619018067Luc : Economiquement c’est dur de n’avoir une équipe qu’avec des professionnels. En plus cette année on aurait éclaté la D1, on se serait posé cette question différemment. Aujourd’hui, le président et le bureau directeur se posent cette question là parce qu’économiquement, il faut tenir la barre. Et c’est peut être d’accompagner des joueurs d’expérience dans leur reconversion en D1. Est-ce que ce n’est pas le meilleur moyen pour nous d’être crédible? C’est ce qu’à fait Cholet. Alors, iI faut développer un réseau aussi parce que ce n’est pas aussi évident que ça. On parle surtout des joueurs français, de les accompagner à s’installer et de les aider dans leur reconversion. Il faut que les joueurs soient maîtres dans leur reconversion aussi. On construit la démarche pour l’instant.

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